Extrait du chapitre "Ton enterrement, ton dernier jour sur cette misérable terre"

En ces 5 ans du jour où j'ai mis ma fille sous terre, oui, le jour où je l'ai enterrée le 24 janvier. Oui, ce jour inhumain, d'aller à l'enterrement de son enfant. Lisez cet extrait du chapitre de mon livre tome 1 que je partage aujourd'hui. Désormais, je n'en posterai plus beaucoup. Il vous faudra l'acheter ; j'ai beaucoup travaillé pour faire ce premier tome, il mérite qu'il soit lu, et aussi partagé... C'est ma responsabilité de dire "aux autres" tout ce qu'il se passe quand on va a pris votre unique enfant, votre unique sens à votre vie, votre chair.

image de sandrine barthélémy et de Johanna plus jeune
Photo personnelle de Sandrine Barthélémy ©

 Un moment vraiment difficile à écrire sur le papier, mais je me devais de l’expliquer et de le partager, ce dernier jour où tu étais encore parmi nous ma Jojo d’amour. Avant que tu ne partes définitivement dans le monde des morts ma Jojo, peut-être meilleur que le mien ici-bas… il faut vraiment te le souhaiter. Ici dans celui-ci, il se côtoie beaucoup trop d’injustices. Ma chérie, quelques jours avant ton arrivée au funérarium, j’ai dû aller aux pompes funèbres, c’est juste irréel quand j’y repense. Fort heureusement, notre cerveau bloque tout, pour que l’on puisse rester un petit moment en état de choc. Sinon, comment arriverions-nous à faire tant de choses, de démarches, après la mort brutale de notre enfant ? Imaginez-vous aller choisir le cercueil de votre enfant, c’est juste INIMAGINABLE… Pourtant, j’ai dû le faire. La fameuse chape de plomb qui nous enveloppe a pour but de nous protéger en un moment pareil. Je suis allée choisir ta petite boîte, ton dernier lit, sauf que dans celui-là, tu ne t’y réveilleras plus jamais. J’ai opté pour le blanc, le plus beau, c’était évident que tu devais partir dans un beau cercueil. J’ai dû apporter aussi ta tenue pour l’au-delà, tu es partie bien habillée, chic, mais sans superflu comme tu étais dans la vie, celle où tu étais encore vivante. Tu as mon blouson et une de mes plus belles photos de moi, jeune à 24 ans, un âge que tu n’atteindras jamais.

 

Oh que c’est difficile de penser que tu n’auras pas la chance de vieillir comme moi et atteindre au moins 51 ans, mon âge au début de l’écriture de mon livre. C’est injuste et je me sens atteinte au plus profond de mon être du syndrome du survivant. Oui, pourquoi toi tu es morte alors que moi je suis égoïstement encore là ? La seule chose que tu n’aurais pas aimée, c’est le maquillage, la personne qui t’a maquillée n’a pas hésité à en rajouter beaucoup. Eh oui ! tu as été abîmée par une mort violente, mais tu avais l’air d’une poupée après cette mise en beauté. C’est ce qu’ont dit la plupart des personnes invitées à venir te voir une dernière fois, lors de la mise en bière.

Tu sais ma Jojo d’amour, je me suis aussi appliquée à t’écrire un texte sortant tout droit de mon cœur et je suis allée chercher au plus profond de moi, pour te dire combien tu as été le plus beau cadeau que la vie m’avait fait. Je l’ai lu devant toutes ces personnes venues te faire un dernier adieu en ce jeudi 24 janvier 2019. Il est au prochain chapitre mon court discours, il est important pour moi de le mettre aussi ici dans mon livre. À moi aussi quelque part sans le savoir bien sûr, je leur disais un dernier adieu à toutes ces personnes. Peu ont résisté à la tempête et n’ont pas eu la force d’être à mes côtés longtemps, ou ne m’aimaient certainement pas assez.

 

De la force, j’ai dû en trouver seule et j’y suis arrivée sans elles, donc sans regret de ce côté-là, je ne dois vraiment rien à personne. Et en 2021, c’est toujours le cas. Elles n’étaient donc plus à leur place dans ma survie ; ma force, ce ne sont pas elles en tout cas qui me l’ont donnée. C’est toi et uniquement toi qui me l’as donnée ma Jojo d’amour, et enseignée, durant toutes ces années de combat depuis ta mort avec cette justice et ces pauvres âmes qui étaient dans ma vie d’avant. Je ne parle pas de celles qui me sont restées fidèles. Tu sais, ma chérie, ta tombe n’est pas comme les autres, elle est différente, elle est assurément comme nous étions nous deux dans notre vie, mère et fille. Un duo inséparable, jusqu’à ce maudit mercredi 16 janvier 2019 où le destin a égoïstement bouleversé notre vie… Tout notre monde s’est écroulé ce jour-là. Mais la mort ne nous séparera pas longtemps, ma puce. Je n’ai aucune envie de rester ici encore trop de temps. Et je te demande chaque jour une maladie, pour pouvoir vite quitter le navire, avant de couler au fond des eaux dangereuses que je ne remontrai jamais.

 

Tu sais, ta cérémonie a été très belle, mais juste trop silencieuse à mon goût, peu ont parlé, pourtant, il y avait beaucoup de choses à dire sur toi, tu étais un rayon de soleil pour beaucoup. Deux jolis montages photos de toi avaient été faits sur des tableaux mis en évidence près de ton cercueil. Sur ces photos, tu y croquais la vie à pleines dents, des clichés de toi au temps du bonheur.

 Il y avait beaucoup de monde le jour de tes obsèques ma chérie, tu es partie où ? J’espère que tu es bien là où tu te trouves, peut-être auprès de George et de Mélanie, qui sait ! Maintenant, les mois et les années passent, et il n’y a plus personne de ma vie d’avant à mes côtés, mais bon, dans ce malheur innommable, le destin et mon intuition ont voulu que je ne m’entoure que des meilleurs pour mon après toi. Ne t’inquiète pas ma Jojo d’amour, je n’ai pas eu le choix pour survivre encore un petit temps. Merci à Ester et Jean-Marc pour leur soutien, tous les deux, ils ont éclairé mon cheminement, avec beaucoup d’amour et de bienveillance. Ainsi que Marie-Danielle, Ingrid et Miriam, qui sont restées en contact avec moi, via le téléphone, les mails, même espacés, elles ne m’ont pas oubliée, et surtout jamais jugée. En prenant garde de ne pas me bousculer avec des phrases ou des mots qui auraient pu me faire très mal. Comme certaines personnes de mon ex-entourage qui l’ont fait sans ménagement et avec beaucoup de maladresse. Bien des personnes se sont révélées à moi, et j’ai dû par la force des choses ne garder que l’essentiel, et faire méchamment du tri. La mort d’un enfant fait PEUR et FUIR. C’est injuste car nous avons besoin de soutien et non de cet éloignement de la part des autres…

« La modeste et douce bienveillance est une vertu qui donne plus d’amis que la richesse et plus de crédit que le pouvoir. »

 Comtesse de Ségur

Sandrine Barthélémy

©

Commentaires: 0 (Discussion fermée)
    Aucun commentaire pour le moment.