Il m'était vraiment indispensable de partager ici dans mon blog, eh bien un petit bout de ce chapitre qui se trouve
dans le premier tome de mon livre ; où je parle de l'instant où j'ai touché le corps de ma
fille Johanna Barthélémy très abîmé par ce bus qui a été conduit par ce chauffeur ce maudit 16 janvier 2019. L'impact a été violent, ne lui laissant aucune chance. L'image du corps de ma fille allongé dans son cercueil est une image destructrice. J'ose espérer que ce maudit chauffeur de bus C3 a cette image dans la tête et
dans tout son corps, oui ma fille morte avec de très nombreuses blessures physiques. Que cela le hante et à vie !
Et je parle aussi de ce travail que font avec une conscience professionnelle toutes les personnes qui s'occupent des défunts.
Ma Johanna, toi tu as bénéficié de soins de thanatopraxie, « soins de conservation ». C’est un ensemble de gestes mis en œuvre sur le corps d’une personne défunte en vue de nettoyer le corps, de retarder les phénomènes de la thanatomorphose. Donc avec un seul et unique but, celui de remédier à l’apparition de certaines manifestations post-mortem, ainsi de restaurer, si nécessaire, l’intégrité du corps suite à différents « traumatismes » (mort accidentelle, mort violente, autopsie…) Et bien sûr, pour finir, habiller et coiffer le défunt pour qu’il puisse recevoir la visite de ses proches. Celle où celui qui s’est occupé de toi a accompli un travail remarquable.
Car tu as été abîmée par ce choc effroyable.
Oui, l’impact du bus t’a explosé l’abdomen. Personne n’a vu quoi que ce soit, hormis moi bien entendu, personne ne m’a rien dit mais j’ai eu ce réflexe de te toucher… C’était horrible, ce moment où mes mains ont touché ce qu’ils ont essayé de cacher : cette blessure que le bus t’a infligée en te percutant de plein fouet et en te roulant dessus… Tu vois, certaines personnes possèdent une vraie conscience professionnelle elles au moins. C’est la dernière image de toi que je vais garder en mémoire, jusqu’à mon dernier souffle, toi, ma fille allongée morte dans ce cercueil si froid. À vie, je suis meurtrie. C’est une certitude que plus jamais je ne te reverrai, du moins vivante.
Sandrine Barthélémy